mardi 27 septembre 2016

L’agriculture camerounaise à la croisée des chemins

Principale source de croissance et de devises du pays, jusqu'à 1978 quand la production de pétrole a démarré, l'agriculture camerounaise représentait 44 % du PIB en 2004. L'activité agricole et la productivité du secteur ont baissé au cours du boom pétrolier pendant les 1980. L'agriculture est la principale occupation pour 56 % de la population active au Cameroun en 2003, bien que seulement environ 15,4 % des terres soient arables.
Une agricultrice camerounaise dans un champ de café
Le Cameroun jouit d'une agriculture dynamique qui réussit non seulement à atteindre l'auto suffisance alimentaire à plus de 80 %, mais aussi à stimuler les exportations des produits de consommation vers les pays voisins qui sont enclavés (Tchad et République centrafricaine) ainsi que ceux qui ne produisent pas assez de vivres tel que le Gabon et la Guinée équatoriale.lD'après la Banque mondiale, les principales productions vivrières au Cameroun sont la banane plantain avec 2 millions de tonnes, le manioc avec 3 millions de tonnes, le maïs avec 1 million de tonnes, le macabo/taro avec 1,3 million de tonnes, l'igname, le mil/sorgho, la pomme de terre. La production de fruits tel l'ananas, le melon, la tomate, la mangue, la mandarine, le pamplemousse, l'avocat et de légumes tel le haricot sec, le haricot vert, l'oignon, l'ail est quant à elle stimulée par l'exportation grâce aux pays voisins qui sont de gros demandeurs, et connaît ainsi un développement rapide. 
 Le secteur souffre toutefois de sa dispersion avec des exploitations de superficies moyennes d'environ 1,5 hectare et d'une faible productivité malgré des surfaces cultivables assez importantes. Son taux de croissance annuel se situerait aux alentours de 4 % par an pour les années 2008-2011, selon la Banque mondiale. La filière coton, seule à n'être pas libéralisée, connaît des difficultés en raison d'une baisse continue de la production ainsi que des prix sur le marché international. Les 350 000 producteurs ont vu le prix d'achat tomber de 195 à 175 Francs CFA de 2004-2005 à 2005-2006. À ce niveau de prix, le producteur tend à économiser sur les engrais, ce qui a pour conséquence de ne pas assurer la qualité des rendements. La production de 125 000 t de coton-fibre en 2004-2005 (à partir de 200 000 t de coton graine transformé localement) est retombée à113 000 t en 2005-2006. 
Coton, café, cacao 
La Sodecoton, dont le capital est détenu à près de 60 % par l'État, achète l'ensemble de la production de coton-graine et la commercialise. Elle accuse une perte d'exploitation de plusieurs milliards de Francs CFA en 2005. Le Cameroun s'est engagé à la privatiser après les échecs de la fin des années 1990. Le Cameroun dispose de nombreuses sociétés de tissage et de filature, telles la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM), spécialisée dans la fabrication de vêtements locaux en tissus pagnes3, mais qui ont une capacité très insuffisante compte tenu de la matière première disponible ainsi que la demande de produits transformés qui est chaque année plus croissante. La fin des contingentements et l'autorisation d'importer de la friperie ont porté un coup dur au secteur de la confection, désormais submergé par des importations venues d'Asie et d'Europe. 


Le marché du coton camerounais, qui n'est pas des plus enviables, a récemment connu un nouveau coup dur avec la perte d'importantes quantités de coton tchadien qui sont parties en fumée au port de Douala. Libéralisée depuis bientôt 15 ans, la filière cacao se porte mal malgré les espoirs qu'a fait naître la crise ivoirienne; elle a enregistré un sursaut de production de 120 000 à 190 000 t entre 2000 et 2005. Grande rivale du Cameroun depuis de nombreuses décennies, la Côte d'Ivoire a vu sa place de sa production de cacao dégringoler pendant ses années de crise. Il en ressort que le Cameroun est aujourd'hui l'un des principaux producteurs mondial de cacao, et ce malgré la relative mauvaise performance de ce secteur. Le marché camerounais est dominé par trois multinationales : Cargill, Barry Callebaut et Archer Daniels Midland.
Les deux premiers possèdent leur usine de traitement dans la ville de Douala. Si le cacao camerounais a l'avantage de bien se prêter à la fabrication de poudre de cacao très demandée au niveau mondial, il souffre toutefois d'une décote sur le marché en raison d'une qualité jugée parfois insuffisante. La première transformation du cacao (portant ¼ de la production) est assurée par Sic Cacaos et Chococam, disposant d'un outil très performant, qui produisent la pâte, le beurre et la poudre. Chococam est le leader sur la fabrication en plaques et de la confiserie. La filière café quant à elle connaît des difficultés comparables. Dans les années 1970, le Cameroun produisait 32 000 t d'arabica et 95 000 t de robusta; la production est retombée entre 6 000 et 41 000 t respectivement en 2005-2006. Le gouvernement a entrepris de revitaliser les structures d'encadrement et de commercialisation dans cette filière (Sodecao, ONCC). Un fonds de développement a été créé en 2006 pour la promotion du secteur. Ce dernier est d'ores et déjà fonctionnel. 
Irène Gaouda Avec Wikipédia

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